Elle a dit : « Je réserve la place ». En essayant de caler son petit corps sur les deux sièges comme si elle jouait à la chaise musicale devant la mama indienne qui rétorqua : — Madame, il est 8 h 30. Le train va se remplir dans 4 stations. Si toi tu n’as pas envie de rester debout, et bien moi non plus ! Elle lui donna un coup de fesses royal digne d’une twerkeuse de renom et prit place sans le moindre scrupule. Le métro parti aussi vite. Petit...
Autre ligne. Odeurs diverses et variées. Mêlant l’épicé au rance, la moiteur à l’air sec et pollué. Tourbillons de miasmes quand le gars à deux sièges de toi éternue et s’essuie la morve à même la manche. Ça pouffe de rire, ça lit, ça dort surtout. 19 h 20. Début de soirée. Fin de journée. Un mec a dit « Bastilé » pour Bastille. J’ai souri, il m’a vu. Prochaine station fermée. Quand la droite devient gauche à Louis Blanc et que celui-ci manque...
Elles sont pâles et frêles. Élancées et filiformes. Féminines ou masculines. De nature discrète, mais ostentatoire. Allez comprendre ! Je pose mes yeux sur le brun de leur peau. Sans penser à mal, j’imagine en douceur les caresses laissées par l’effleurement d’une main volage. En silence, je plane et dérive sur le sillage de leur parfum ambré. Une seconde d’inattention et nous voici face à face. Duels et défis rythmés en cadence sur les...
Les mots ne sont bons que quand l’âme pleure. Un homme triste est un homme inspiré. Les blessures suintantes et suppurées livrent des vers virulents et emplis d’une force mélangeant la rage, la tristesse et le désespoir. Ils disent que l’espoir fait vivre, mais à quoi bon faire subsister une âme morte ? Une coquille vide se craquelant à chaque souffle. Je me disloque, achevé moi. Démembrée. Écœurée d’amour, évidée de ma substance. Ma moelle...
Ton nom est tentation.
Un regard où le ton est donné…
Couleur cuivre, ton aura a touché mes sens.
Je n’ai gout que pour ta peau, d’yeux que pour tes lèvres,
Le fait de me penser en toi et je frémi !
Mince ! Tu t’es déplacée, le sens de la marche n’est pas le bon je ne te vois plus…
Je bouge au gré des virages me vrillant le corps. Secousses et ballotage, tel un tambour, je vibre sur mon strapontin. Un reflet, le mien, dans la vitre sale et maculée de crasse à cheveux. Distorsion et déformation de faciès les quelques néons du tunnel sombre me redonne un air vivant. Toutes les deux minutes, tout reprend un semblant d’humanité. Il engouffre ses hôtes et repart sans demander son reste. À mes pieds, une canette vide qui finira...
Je n’ai pas bâillé.
Cela fait deux fois et mon corps fait de la résistance face à l’adage qui voudrait que l’on bâille en effet de « contamination » à la suite d’un précédent bâillement.
Je ne suis pas dans le mimétisme, je suis tout court.
Plus de chance de bâiller, sauf symptôme de fatigue.
Elle est sortie à Saint-Lazare.
Dès fois j’aimerais pouvoir aborder les gens et leur dire que j’aime ce qu’il dégage. J’aimerais leur parler pour savoir si leur voix est comme je l’entends en moi, comme je l’ai fantasmée. Juste avoir un échange qui briserait la glace entre nous. Le regard peut en dire long sur la vie de quelqu’un… Les yeux miroirs de l’âme comme j’ai lu quelque part. Il était là, sur le quai attendant le même train que moi. Une silhouette fine me...
Elle avait ce regard qui ne trouble pas, mais qui ne passe pas inaperçu. Des yeux en amande pétillants de vitalité. Une bouche d’ange légèrement retroussée sur les côtés. Mais surtout, surtout, elle avait la chair de poule. Sa peau couleur bronze camel semblait frétiller sous l’air conditionné de la rame de train. Cet espace infime nous séparant des deux sièges sur lesquels nous étions assises me laissait ressentir chaque frisson qui parcourait...
J’ai le cafard, et ce sentiment d’impuissance face aux personnes qui demandent de l’argent/ticket restaurant/denrée alimentaire/n’importe quoi dans le métro. On ne sait jamais si c’est du lard ou du cochon. Entre les toxicos que tu reconnais comme un nez au beau milieu de la figure et le gars vraiment en galère qui ne sait pas où il va dormir ce soir. Certains se présentent, d’autres racontent comment ils en sont arrivés là. Les animaux et les...
