Alice – La Rose – Part II

A

Soir de douceur sur la ville, Alice s’était habillée légèrement pour un mois d’octobre. Le redoux avait décidé de prolonger l’été en ponctuant les soirées de brises chaudes et enveloppantes.
Comme prévu, elle rejoignit Lewis chez lui.

Déjà dans l’ascenseur, une sorte d’anxiété et d’excitation lui prit au bas du ventre. Elle ne savait pas du tout à quoi s’attendre. Que lui avait-il concocté ? Me rendre folle, il avait exagéré, pensa Alice.
Plantée devant la porte, elle hésita avant de sonner à la porte.

Quel était ce sentiment étrange qui s’emparait d’elle ? Cette peur incontrôlable, comme si le sol se dérobait sous ses pieds, comme si le souffle lui manquait.

Inspire, expire. Tout ira bien.

Elle reprit de l’aplomb et sonna.

Il ouvrit, lui sourit et déjà elle se sentait faiblir de nouveau.
Une odeur de musc et de santal enveloppait l’appartement qui était simplement agencé bien qu’un peu hors du temps.
Une lueur violacée envoyait un halo froid et mystique dans un coin du salon, laissant entrevoir les corniches au plafond.

Pas de bougies scintillantes, pas de musique d’ambiance, pas de sol parsemé de pétales non, juste une rose dans un soliflore en cuivre brossé sur la cheminée haussmannienne. Un grand miroir surplombait l’ensemble de cette nature morte et intemporelle.

Il lui proposa un verre qu’elle accepta. Elle avait la gorge sèche, les mains moites.

Il s’éclipsa un instant. La pièce était froide et plongée dans une pénombre sensuelle. Il y avait quelques photos, ici et là, dont celle d’une femme, belle, un « Z » autour du coup. Des Vinyles aux pochettes édulcorées jonchaient le sol couvert d’un immense tapis perse.

Il revint le verre à la main quand elle aperçut l’étoffe en soie sur le bord du Chesterfield éventré.
Ils échangèrent quelques mots et l’atmosphère déjà s’électrisait.

— Comment comptes-tu « me rendre folle » !

— Tu t’impatientes déjà ?

— Pas du tout, je suis juste curieuse, tu sais, plus rien ne m’étonne.

— Fais-moi confiance pour une fois et laisse-toi faire. C’est tout ce que je te demande.

Il s’approcha d’elle. Lentement effleura sa joue de ses longs doigts fins dessinant les contours de son visage.
Son index s’attarda sur ses lèvres. Elle le baisa tendrement puis le suça.
Il claqua sa langue contre ses dents lui indiquant qu’elle devait arrêter.

Une décharge violente mit son corps en émoi, la parcourant de frissons. Il lui ôta son chemisier puis doucement entrepris de desserrer la ceinture en tissus qui retenait son pantalon fluide.

Elle se retrouva dans son plus bel appareil.
Nue.
Son corps élancé et tonique se confondait en courbes sensuelles. Tout était appel à l’amour sur cette peau douce aux couleurs chaudes. Ses petits seins aux auréoles brunes pointaient vers le ciel tel deux pêches en offrande. Une tache de naissance en forme de constellation s’étendait sur sa hanche gauche. Elle resplendissait et avait perdu toute sorte de contrôle.

Il était là en face d’elle. Habillé. Radieux. Attentifs, ses yeux vairons semblaient avoir la même couleur dans la pénombre.
Elle pouvait sentir l’énergie que dégageait son corps, entendre les battements lourds de son cœur.

— Ferme les yeux, lui ordonna-t-il d’un ton plus sec.

Alice s’exécuta sans sourciller.
Quelques pas sourds sur le parquet lui indiquèrent qu’il n’était plus en face d’elle.

Le silence l’enveloppait. Les yeux fermés et sans repères, Alice montait de plus en plus en pression. De derrière, il lui couvrit les yeux avec ce qui semblait être le morceau de tissu qu’elle avait vu quelques minutes plus tôt. Elle était maintenant dans le noir total et une autre décharge plus forte lui prit au creux des reins.

Le souffle chaud de Lewis, descendait le long de sa nuque, à l’orée de ses épaules pour parcourir le long de sa colonne. Il sillonnait son dos d’un filet d’air chatouillant alors chaque parcelle de son corps.

— Retourne-toi lentement.

Sans avoir bougé de place, Alice avait perdu toute notion d’espace. Elle était tendue et sentais le torrent de plaisir se déchaîner aux portes de sa fente. Elle n’en pouvait plus.

Qu’il me touche ! Là, tout de suite.

— Allonge-toi.

Alice se baissa lentement. Le sol était légèrement froid et moelleux sur le tapis.
Encore le bruit de ses pas se déplaçant.
Puis, plus rien. Le temps c’était comme stoppé, et concentré en un point de son corps.

C’est après un moment qu’elle sentit sur elle quelque chose de doux effleurer sa peau. C’était velouté. Du haut de son visage, en passant par ses paupières comme un circuit prédéfini. C’est une fois près de l’arête de son nez qu’elle sentit l’odeur de la rose.
La fameuse.
Ses lèvres pulsèrent sous le passage de la fleur. Arrivé à l’extrémité de son menton, il remonta aussi lentement que possible vers ses lobes, le creux de ses oreilles.

Alice frémit. Premier point faible déclenché.

Le cou ne fut pas en reste. Ça chatouillait. Il repassait sans cesse sur ses clavicules, les creux qu’elles formaient.
Sternum.
Un sein puis l’autre. Elle sentait ses tétons se durcir au passage de la rose. Des aller-retour incessants, toujours plus lents.
Ventre, contour de nombril, hanche, rien n’était laissé au hasard. Son corps était un frisson.
Creux de l’aine. Qu’attendait-il pour la toucher ? Ses sens étaient troublés. La vue cachée décuplait son odorat. Lewis avait cette odeur singulière de bois musqué et d’encens sucré. Elle entendait sa respiration lourde, calme et imperturbable.

Ça y est, il y était. Le mont de vénus, le point d’origine, sa rose à elle.

Son bouton pulsait, des ondes sauvages frappaient en son intérieur tel des vagues déferlantes plus puissantes les unes que les autres. Il prenait un malin plaisir à faire passer le bout de la rose sur son clitoris proéminent et en feu que ses lèvres avaient laissées sortir. Il tapotait, frottais en cadence. C’était doux et puissant. Te rendre folle sans te toucher avait-il dit, et il avait raison.

Elle n’en pouvait plus, s’en était trop.
D’un coup, elle se cambra, comme possédée. Les mains agrippant fort le tapis. Elle ne contrôlait plus rien. Haletante, elle gémissait. Sensuelle et profonde. Vulnérable. En pleine jouissance, sa tête lui tournait. Son corps n’était plus qu’un long spasme. Elle était trempée. Le corps perlé de sueur, le sexe en feu.

C’est doucement qu’il lui ôta le bandage. Elle gardait les yeux fermés, savourant le contact de l’air sur sa peau. Elle sentait le regard doux de Lewis posé sur elle. Des étoiles se formèrent devant elle quand, à demi ses paupières s’ouvrirent.
Un nouveau ciel se dessinait dans cette pièce aux allures d’univers lointain avec pour soleil ce type à l’allure extra-terrestre.

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