Alice – Le numéro

A

Il est tard ce soir. Alice rentre d’une soirée plateau-télé avec ses amis.

Comme d’habitude, elle promet d’envoyer un SMS à son arrivée sauf que cette nuit, il n’y en aura pas.

Elle emprunte le même trajet que d’habitude.

L’air est lourd. Ces quelques jours de beaux temps n’auront pas eu raison de la pollution.

Plus de métro, le bus de nuit est dans 45 minutes et la majoration des VTC est à son pic. Qu’à cela ne tienne,

Alice décide de commencer à pied.

Rien ne laissait présager de tels événements.

Les voitures filent sur le boulevard. Les volutes de fumée encerclent les silhouettes immobiles devant les quelques bars encore ouverts.

Le silence est bruyant. Alice accélère le pas.

Pas de musique dans son casque ce soir. Elle garde l’esprit alerte et les 20 % de batterie restant sur son téléphone au cas où.

Rue du temple, République, Turbigo direction Châtelet.

Les quelques personnes qu’elle croise sont éméchées, arrivant à peine à tenir debout.

Au carrefour rue de Rivoli, rue Saint-Denis, elle semble reconnaître de dos un individu. Comment aurait-elle pu oublier « CE dos » ? Qu’elles étaient les chances qu’elle le recroise ? Comment l’aborder ? Il ne va sûrement pas la reconnaître. Que faire ?

Il était avec deux autres personnes. Portant la même veste en cuir bleu que dans le métro, un jean court qui laisse apparaître la naissance de ces chevilles et des Van’s. Il est plus grand que dans son souvenir.

Le feu passe au vert. Ils s’éloignent d’un pas nonchalant.

Décide-toi vite ma vieille ! 

Advienne que pourra. Elle les rattrape. Le bouscule et laisse tomber son portable.

Elle fait volte-face tout en se rapprochant un maximum de son corps. Les voici maintenant face à face. Quelques centimètres les séparent. La tension est palpable, lui son portable à la main, elle les yeux plantés dans les siens.

— Pressée à ce que je vois ! Tenez, vous avez fait tomber ça. C’est assez bizarre que vous me soyez rentrée dedans pour quelqu’un qui frôle les gens dans le métro.

Il l’avait reconnu ! Elle se rembrunit sans que cela se voie. Et elle dit avec aplomb :

— Merci. De toute évidence, vous êtes aussi observateur que moi.

Ils étaient au milieu de la rue sur le passage clouté.

Au loin, les deux autres personnes mirent un terme à ce moment invraisemblable et intense.

— Hey Lewis ! On va être en retard mec grouille toi !

— J’espère que vous avez une bonne mémoire !
Cela semblait l’amuser, car il eut ce sourire en coin qu’on a quand on maîtrise une situation.

Elle ne comprit pas tout de suite, mais tout en s’éloignant, il lui donna son numéro

— 06… 81 57… 55 77, j’espère que vous avez une bonne mémoire !

Tu parles, si elle ne le notait pas tout de suite ça serait fini.

Aucune réaction de son portable.

Eh merde ! Le choc a fait sauter tout le bordel.

C’était trop beau pour être vrai.

Il était loin maintenant. C’est le klaxon d’un scooter qui l’a sorti de son état.

Rien pour noter, et sa mémoire des nombres défaillante. C’était peine perdue.

Alice arriva à Saint-Michel. Le temps s’était écoulé à une vitesse fulgurante le bus de nuit était dans 2 minutes.

06… 17 81… Impossible de s’en souvenir. Alice était à cran.

Il avait cette odeur ambrée qui lui figeait le bas du ventre et éveillait des pulsions qu’elle ne connaissait pas. Qu’est-ce qu’il est beau !

06… 81 77 55 tant pis…

Il l’avait regardé avec un aplomb transcendant. Comme s’il savait qu’il était en totale maîtrise de la situation.

Il contrôlait tout et Alice avec. Le bus arriva. Rempli de monde.

Mais d’où sortent-ils tous ? D’où sors-tu toi ? 

Ça parle fort, ça se bouscule. Ça pu.

La voici arrivée à bon port 04:30 du matin. La soirée fut longue. Des chiffres planent dans son esprit. Le tout mélangé à la voix ferme et suave de Lewis.

Lewis… Enchantée.

Elle se jeta sur son lit après son rituel d’avant dodo.

Son portable n’émettait aucun signe de vie malgré le fait qu’elle l’ait mis en charge. Demain est un autre jour. Elle réglera les points techniques au moment voulu.

Elle sombra doucement dans un sommeil lourd 06… Essayant de remettre de l’ordre dans les chiffres 81… les événements de la soirée 57… Elle pensait à l’inquiétude de Beeya 55… Qui ne la lirait pas au réveil demain matin 77

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